samedi 30 octobre 2010

Sherlock, suite et fin



Sherlock Holmes n'acceptant que des missions extraordinaires mène la plupart du temps une vie désoeuvrée des plus ordinaires. De sorte que tout un chacun peut se reconnaître en lui dans ses moments de chômage et de ce qu'il faut bien appeler dépression. Personnellment, j'aime beaucoup la manière avec laquelle il laisse le bordel envahir son intérieur malgré la surveillance rapprochée de sa logeuse, Mrs Hudson, qu'il se plaît à terroriser en multipliant ses expériences de professeur Tournesol. Ce que rendent bien les deux films de Wilder et Ritchie, avec toutefois plus de cohérence dans le premier du fait que l'histoire commence à l'opéra avec une mission improbable que Sherlock refusera : la grande Pétrova, danseuse étoile dans un Lac des cygnes qui l'a plongé dans un gouffre d'ennui, s'étant mis dans l'idée de se faire faire un enfant par une tête bien faite (je résume à ma manière) a jeté son dévolu sur Holmes... En échange, elle propose de le payer avec un Stradivarius, prix qu'il trouve exorbitant avant de connaître la nature de la mission et qu'il trouvera totalement insuffisant après en avoir pris connaissance ! Il est vrai que la dame n'est plus une jeune première, en plus d'être complètement folle 

L'agent de Petrova : Madame a trente-six.
Holmes : Elle ne fait pas son âge.
L'agent de Petrova : Normal, elle en a quarante-six !

Voilà le genre de dialogues qui ne sont bien sentis que s'ils sont servis par une mise en scène à la hauteur, ce dont s'acquitte Wilder brillamment. Malheureusement, la poésie ésotérique du début s'estompe à mesure que le cinéaste expose l'enquête proprement dite et son lot de résolution d'énigmes dont aucune n'est vraiment intéressante. Comme en médecine, les symptômes sont franchement inquiétants alors que l'explication par le médecin est au mieux un conte pour enfant et au pire une ordonnace qu'il est inutile de déchiffrer tant elle ramène tout à une affaire de molécules. Toute la fin du voyage en écosse dans des paysages somptueux ne vaut pas les scènes de la première partie dans l'appartement de style victorien situé dans Baker Street.

Nous pouvons continuer à rêver d'un film dans lequel Holmes n'aurait rien d'autre à faire qu'attendre indéfiniment une affaire extraordinaire qui ne viendra jamais. Sujet dont je suis certain qu'il aurait plu à Billy Wilder, et dont je suis tout aussi certain qu'il serait reçu par Guy Ritchie comme une absurdité. Si quelqu'un pouvait lui transmettre mon synopsis... Sachant que son Sherlock Holmes se termine comme se sont terminés tous les Spiderman : en forme de pub racoleuse pour l'épisode suivant, extraordinaire forcément, réduisant du même coup à néant tous les effets du film qu'on vient de voir. Selon cette logique, en effet, on a vite fait de comprendre qu'on n'avait encore rien vu.

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